Les ChronicTech du Professeur Phil

Les ChronicTech du Professeur Phil

Viens prendre une bonne leçon !

TechCraft

Chroniques originellement faites pour TechCraft, avec les sessions questions/réponses/réactions de l'équipe au moment de leur diffusion

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CT n°4 : Des puces indomptables

Après la théorie bien violente de la dernière fois, il est temps de passer à des choses plus concrètes.

ATTENTION: Je vais vulgariser au point que certains diront que ce que je dis est faux ou déconnecté de la réalité des processeurs.
C’est effectivement le cas, mais il s’agit ici d’avoir des notions vagues de l’influence de certains termes comme la fréquence d’horloge, la mémoire, le nombre de bits, etc…

Et à la fin, vous comprendrez pas tout, mais juste à quel point c’est un bordel monstre et surtout à quel point les fabricants de processeurs ne nous aident pas DU TOUT à appréhender la puissance de leurs processeurs.

Un petit rappel : on a vu la dernière fois que les puces électroniques étaient des machines transformant une instruction en entrée en une nouvelle information dépendante de conditions prédéterminées.

Cela permet déjà pas mal de choses, mais que des choses simples car une entrée donnée donnera toujours la même sortie. Il n’y a pas de notion de “suite”.
je rentre “une pomme” + “une pomme” => ça me dit “deux pommes”.
Je ne peux pas dire, “là j’ajoute une pomme”. Parce que ça demande de mémoriser le fait qu’il y a déjà 2 pommes et que ça demande aussi une notion de temps. D’avant et d’après.
Pour cela on a donc besoin de mémoire et de temporisation, d’une horloge.

Je ne vais pas rentrer plus dans les détails, de peur de vous re-donner mal à la tête, mais vous pouvez déjà comprendre que si la mesure du temps se fait toutes les minutes, vous ne pourrez pas rajouter 2x l’instruction “une pomme de +” dans la même minute.

Cette horloge est, dans les processeurs actuels, bien plus rapide que la pendule à Mémé. Elle ne “tic” pas toutes les secondes, mais plusieurs miliards de fois par seconde.
La façon d’exprimer “X fois par seconde” c’est une unité particulière: le Hertz.
1 fois par seconde, 1Hz.
Un film au cinéma en 24 images par seconde, est donc à 24Hz
Votre vidéo YouTube en 60 images seconde est à 60Hz
Et votre télévision 120Hz peut donc afficher 120 images par seconde… ou 60 images par seconde en 3D, mais on fera sûrement un jour une chronique sur la 3D si ça vous intéresse.

Un MegaHertz c’est donc 1 milion de “tic” d’horloge par seconde. Vous pouvez donc ajouter 1 milion de fois une pomme par seconde.
Un GigaHertz, c’est un MILLIARD de pommes par secondes potentiellement. (c’est environ 100 fois la production annuelle française CHAQUE SECONDE)

Bon, comme on s’en sert pas “juste” pour compter des pommes, la fréquence d’horloge est un des paramètres intéressants mais pas le seul.

Un processeur a ce qu’on appelle un jeu d’instructions. Certains d’entre vous connaissent “x86” pour l’avoir entendu quelque part, surtout en opposition à x64. Autant x64 s’applique aux processeurs 64bits, que je développerai plus tard, autant x86 ne s’applique pas à des processeurs 86bits. Non. Cela vient du processeur intel 8086 (un processeur 16bits pour info) qui a imposé un standard tant il a été une référence. A l’époque AMD copiaient ce processeur CISC.

CISC c’est Complex instruction set computer : microprocesseur à jeu d'instruction étendu. En gros ça veut dire qu’il y a TOUT UN STOCK de fonctions pré-programmées (du code ou des schémas logiques) dans le processeur. Un exemple juste pour illustrer : c’est un peu comme une calculatrice scientifique qui a une touche dédiée à Pi ou mieux, une touche pour calculer le carré du nombre que vous avez entré. Vous tapez 3, appuyez sur la touche “au carré”, hop, ça sort 9.

Dans le camp d’en face il y avait les “Reduced instruction set computer” ou RISC, soit en français « microprocesseur à jeu d'instructions réduit ». Si on continue avec les calculatrices, ça pourrait être la calculatrice carrefour sur laquelle il n’y a que les classiques +/- multiplication/division. On peut toujours calculer le carré de 3, mais il faut alors faire 3x3.

Vous pouvez déjà apercevoir qu’il y a des avantages et des inconvénients: l’un c’est plus simple à faire mais c’est plus cher, l’autre c’est plus complexe à programmer mais la calculatrice coûte 2€.
Et au final ça peut prendre le même temps entre plein de petites opérations simples et une grosse opération complexe.

En terme de réalité physique au niveau des processeurs, ça fait que les processeur RISC chauffent moins que les CISC… c’est pour cela que les puces ARM des smartphones sont en RISC et que votre ordinateur de bureau est probablement en CISC.
Parce que les smartphone sont petits, et les constructeurs n'ont pas la place pour installer du matos pour les refroidir et que chauffer plus c’est consommer plus d’électricité et donc + de batterie.

Mais au final on peut faire la même chose avec les deux, même si l’un est plus sobre, dans sa conception, que l’autre.

Vous croyez avoir compris? Hum… pas de bol, parce que :
Les Macs (dont les macs de bureau) utilisaient des processeurs powerPC, qui sont RISC

2) les Pentium sont hybrides: ce sont des processeurs RISC qui émulent du CISC. Physiquement simples, un petit “programme interne” rajoute les jeux d’instructions manquants ou plutot qui les traduit en opérations plus simples.

Pour le x64, c’est cette fois AMD qui a introduit ce nouveau jeu d’instructions et qui a été ensuite suivi par Intel, mais c’est un simple dérivé du x86 prévu pour gérer 64bits de registre de mémoire.

Oui parce qu’en fait c’est principalement ça un processeur 64bit, c’est un processeur capable de gérer un registre de mémoire sur 64 caractères. Et comme vous avez appris à compter en binaire la dernière fois, vous pouvez de tête me dire que ça fait…. une chiée de combinaisons, bonne réponse !

Avec 2 bits, je vais de 00 à 11, et j’ai donc 4 valeurs possibles.
Avec 4 bits j’ai 16 valeurs possibles
Avec 8 bits, j’ai 2^8=2x2...x2= 256 valeurs… comme 256 couleurs par exemple
Avec 32 bits plus de 4 MILLIARDS de combinaisons un milliard, on dit un Giga, ça fait 4 G

Hé ça vous dit rien ça? Mais si, vous avez du entendre un petit malin vous dire que 8 go de ram sur votre ordi 32 bit c’est con, et qu’on peut mettre que 4Go maxi. Ben ça vient de là.
32bits, 4Giga de combinaisons, 4 Giga de l’unité de mémoire utilisée en informatique: l’octet.

L’octet c’est 8 bits, 8x 0 ou 1. Par exemple une lettre de l’alphabet codée en ASCII ou UTF8. (On en reparlera un jour probablement. Dans une chronique sur les emojis?)

Donc en 32bit on ne peut garder en mémoire “que” 1000x la Bible (qui fait 4 073 275 caractères). Un KiloBible quoi, à une vache près.

Du coup en 64bits, ça fait un chiffre tellement grand (2 305 843 To), que le plus simple est de vous dire que ça fait 4217 GigaBibles soit 4,11 TeraBibles, nom de zeus !
Pour ceux que ça choque, que 4217 deviennent 4,11, c’est juste parce qu’on divise par 1024, on en reparlera un autre jour, dans une autre chronique.. quoi que allez :

Si votre disque dur annoncé comme 1To n’affiche jamais 1To mais de l’ordre de 931Go sur votre ordinateur c’est à cause des puissances de 2 :

=> Pour passer d’un bit à un Mégabit on passe d’une puissance de 2^1 à une puissance de 2^10, ce qui ne fait pas 1000 mais 1024.
Le Gigabit? 2^20, soit 1 048 576 et non 1 000 000.
Et le Téra? 2^30= 1 073 741 824
Sont votre disque dur est indiqué 1Tb=> 1 000 000 000/ 1 073 741 824 => 0,931… Soit les fameux 931 Go que vous affiche votre OS. VOILA. Plié.

Revenons aux processeurs :

En fait un processeur 64bit n’est pas plus rapide qu’un 32bit et l’ordi ou le smartphone ne sera plus “puissant” que si cette mémoire supplémentaire est nécessaire et exploitée par le système ET le logiciel.
En gros c’est comme un scooter 50cm2 et un tracteur avec un moteur V12 : les deux peuvent aller jusqu’à, disons, 50km/h mais jamais le scooter ne pourra tracter une machine de ferme. Si vous roulez en ville, pas besoin d’un tracteur, ça ne va pas vous rendre plus mobile. Le 64bit c’est le tracteur et le 32bit c’est le scooter. Un scooter est finalement, souvent bien suffisant.

Donc on résume un peu: la fréquence c’est le nombre de cycles par seconde, dans ces cycles, on peut utiliser des instructions préprogrammées simples ou complexes, avec des processeurs capables de gérer +/- de mémoire.

Mais ce n’est pas tout: un processeur de nos jours n’est pas unique, il contient plusieurs “coeurs”. Un coeur, c’est un processeur dans un processeur.
Pour résumer, vous avez une puce qui contient plusieurs processeurs. Dual core: 2 coeurs, Quad-core: quatre coeurs, Octo-core: 8 coeurs.

Là aussi si vous avez + de coeurs, c’est mieux mais pas obligatoirement utile:

Vous ne compterez pas plus vite les pommes, mais vous pourrez compter des pommes et des poires en même temps plutôt que toutes les pommes puis après toutes les poires.
Mais il faut avoir des poires à compter, sinon ce n’est pas plus intéressant.

Vous pensez avoir compris?
Pas de bol encore une fois parce que le processeur intel i5 qui équipe mon macbook Air a 2 coeurs physiques mais 4 coeurs logiques qu’on appelle “threads”. HyperThreading, ça vous dit quelque chose? sur le P4 3,06Ghz par exemple, il y en avait certains avec “HT” marqués dessus. Ben voilà c’est la signification. (même si la vanne à l’époque était de dire que ça voulait dire “haute temperature” vu comment un P4 chauffait à mort)

Plus fort encore: les processeurs ont ce qu’on appelle des “pipeline” dont je ne sais même pas en quoi cela diffère d’un thread mais c’est un peu sur le même concept de plusieurs tâches en même temps..

Mais c’est pas fini ! Je n’ai abordé que la surface du problème.
Je ne parlerai pas des processeurs capables d’augmenter leur fréquence quand un seul coeur est utilisé, ceux qui adaptent leur fréquence en fonction de l’usage (notamment sur les ordis portables), ceux designés pour consommer le moins possible etc etc etc.

Parce que déjà avec ces bases-là, on n’est pas sortis de l’auberge :

Faisons un petit test réel:
On choisit deux processeurs Intel, i3, 64bit, 2 coeurs physiques avec 4 coeurs logiques au total, tous à la même fréquence (3,2 Ghz).

En théorie, on devrait avoir le même score sur un benchmark (un test de puissance brute), non?

Ou bien non : si on regarde les référence, l’un c’est marqué 3210 et l’autre 6100, donc l’un est au moins 2x plus puissant que l’autre.

Ben en fait ni l’un ni l’autre: le 6100 est 20% plus puissant et consommerait environ 35% de moins d’énergie.
Juste parce qu’il s’agit de 2 générations différentes, l’une de 2013, l’autre de 2015.

Encore l’énergie qui baisse ça peut se comprendre: on grave plus fin le coeur du processeur et on a toujours dit que c’était plus efficace en terme de gestion de l’énergie. Donc soit.

Mais la puissance devrait être la même, non? Ben non. et c’est ça le problème.

http://ark.intel.com/compare/90734,71053
http://www.cpubenchmark.net/compare.php?cmp[]=1865&cmp[]=2639

http://ark.intel.com/products/71053/Intel-Core-i3-3210-Processor-3M-Cache-3_20-GHz
http://ark.intel.com/products/90734/Intel-Core-i3-6100T-Processor-3M-Cache-3_20-GHz

Vous me direz “voici la solution: on prend des benchmarks et on compare”. Et ben non….
parce que les benchmarks ne sont pas standardisés. Je peux pas comparer les valeurs venant de deux sites de benchmark différents. Le protocole de test et sa façon de pondérer, de donner de l’importance à tel ou tel paramètre, varie d’un moteur de benchmark à l’autre.
parce qu’un benchmark ne reflète pas la réalité, mais juste une utilisation hypothétique.
Parce qu’on peut raisonnablement soupçonner un fabriquant de trouver le moyen de gonfler s’il le veut son score de benchmark comme VW a pu tricher aux tests antipollution.

Un exemple avec mes deux processeurs : si on regarde le score obtenu pour 1 seul coeur logique par rapport au score global, la différence passe de 20% à moins de 7%. Donc si votre utilisation n’exploite qu’un coeur, la différence déjà pas si énorme, sera ici négligeable.

On a donc deux processeur semblables en apparence qui sont “pas identiques mais presque, enfin ça dépend quoi, pfiou c’est compliqué”.

Et je pourrais vous trouver deux processeurs dont l’un a un score de benchmark de malade et l’autre un score pourri, mais où le score en coeur unique pourra inverser le classement.

Hum, c’est à s’arracher les cheveux.

Je suppose que vous avez probablement appris 2-3 trucs et vous avez sûrement encore plus de questions concernant les processeurs qu’avant cette chronique.
Si c’est le cas, c’est normal, j’ai l’impression que plus l’on sait comment ça marche, moins c’est clair, plus c’est subtil.

Comparer les processeurs entre eux c’est difficile à la base tant les appellations sont nombreuses (Pentium, Core2duo, core2quad, Atom, celeron, Xeon, i3, i5, i7…et j’ai fait que intel) mais en plus il y a des générations différentes sous des noms identiques.

Et pour comparer entre un processeur de PC et un autre de smartphone c’est borderline impossible.

Et cela deviendra extrêmement problématique avec un W10 identique sur des appareils bien différents et donc avec des processeurs de tous bords qu’il faudra jauger avant l’achat.

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CT n°3 : le binaire et la logique informatique

Bon au début je voulais parler des processeurs mais très vite je me suis dit qu’il fallait des bases sur comment fonctionne l’informatique au plus bas niveau.

Cette chronique est un peu un essai, si ce genre d’explication détaillée vous plait, je continuerai sur le principe dans les mois à venir, sinon je resterai hyper grand public et plus large.

Pour commencer, ne stressez pas :
Si vous décrochez un peu durant cette chronique, ce n’est pas grave, il n’y a pas besoin de TOUT retenir en détail.
Le but est d’avoir des “notions”
Si vous comprenez “vaguement le principe” c’est très largement suffisant.
Pour ceux qui le voudront, le pdf de cette chronique sera disponible (pour une fois).

A la fin de cette chronique, vous saurez donc “vaguement” comment on fait marcher une partie d’un afficheur LCD 7 segments (oui, le truc qui forme un 8 avec des bouts qui s’allument, comme un vieux radio réveil)
=> Il s’appelle 7 segments car il est composé de 6 barres (ou segments) qui font le pourtour et d’une horizontale au milieu)

Pour ça on aura besoin de 2 choses :
connaître le binaire et savoir compter en binaire
apprendre la “logique” au sens informatique
savoir mettre en place cette logique avec des “outils” dédiés.

LE BINAIRE

Pourquoi on fait de l’informatique avec le binaire?
Parce que l’informatique c’est basé sur de l’électricité comme celle que vous avez vu en techno ou physique.

1 = courant passe
0 = pas de courant

ça peut être une lumière éteinte ou allumée, un interrupteur ouvert ou fermé

Pour simplifier l’écriture on met juste 0 ou 1.

D’où binaire, car il y a 2 positions, 2 valeurs.
On l’appelle aussi la base 2 (parce qu’il n’y a que 2 possibilités de base)

On peut donc compter en binaire. L’intérêt étant de pouvoir
donner à la machine une valeur avec des combinaisons d’interrupteurs
faire représenter par la machine un chiffre (le résultat) avec des combinaisons d’ampoules

C’est pour ça que ça a été inventé à la base d’ailleurs.

Comment ça marche?
Vous avez l’habitude de la base 10, le décimal, qui a 10 valeurs possibles: 0123456789

Le principe est simple: on compte de 0 à 9 puis on incrémente le chiffre devant pour passer à la dizaine suivante et quand on arrive à 99 on re incrémente le chiffre devant.

Pour visualiser mieux le principe, on va imaginer comme un vieux compteur kilométrique de voiture ou un compteur d’eau ou d'électricité

Lorsque la roue la plus à droite arrive à 9, elle entraîne une seconde roue à sa gauche et la passe au chiffre suivant et ainsi de suite.

Le binaire c’est la même chose, mais au lieu de 0 à 9 on ne va que de 0 à 1.

On va donc compter ensemble de 0 à 10 en binaire:
0=>0000
1=>0001 (vous suivez? ça va se compliquer...)
2=>0010 (la roue primaire revient à zéro et on ajoute 1 à la roue d’à côté)
3=>0011
4=> 0100 (la roue primaire revient à zéro et on ajoute 1 à la roue d’à côté qui revient elle aussi à zéro et entraine une 3e roue)
5=> 0101
6=> 0110
7=> 0111
8=> 1000 (la roue primaire revient à zéro et on ajoute 1 à la roue d’à côté qui revient elle aussi à zéro et entraine une 3e roue qui elle aussi revient à 0 et entraine une 4e roue)
9=> 1001
10=>1010

Maintenant que nous avons appris la base de la base du langage de base des ordinateurs, gardez ça en tête pour la fin.

LA LOGIQUE

On va passer à ce qui fait l'intérêt d’un ordinateur: sa capacité à activer ou ne pas activer des trucs selon ce qu’on lui envoie comme information à l’initiale.

Cette transforation se fait selon une certaine logique

Exemple de logique :
Sur le radio réveil, prenons d’exemple d’un des segments : celui non activé quand ça écrit 9, en bas à gauche.
On veut que ce segment ne s’active que lorsque le chiffre à afficher est 0, 2, 6 ou 8 et qu’il soit non activé pour les autres.
(Les autres fonctionnent sur le même principe avec des nombres différents)

Et pour représenter cela, cet énoncé logique, on utilise des “portes logiques”.

Une porte logique c’est ce qui va donner (en sortie) un état 0 ou 1 prédéterminé en fonction du ou des signaux 0 ou 1 qu’on lui envoie en entrée.

C’est avant tout une construction mentale, un outil théorique qui peut avoir plusieurs réalisations physiques.

Il y a les portes standards pour répondre à toutes les fonctions de base. Elles peuvent être reliées à des variables (les entrées) et entre elles.

On va en présenter quelques unes

Pour ceux qui n’ont pas le tableau sous les yeux on peut y voir Nom, le symbole, le schéma électrique équivalent et surtout le plus important pour nous LA TABLE DE VERITE-TE-TE (écho)

Alors on dirait un truc de ouf, c’est vrai que le nom est assez badass mais en fait c’est juste l’état de la sortie en fonction des entrées

exemples : porte OUI, NON, ET, OU, OU EXCLUSIF

Ils y en a d’autres mais à priori on peut tout créer à partir de ces portes...

APPLICATIONS

Easy:

l’interrupteur des toilettes
=> c’est une porte OUI

Mais si on prend en compte l’ensemble de l’installation électrique de la maison avec le disjoncteur => l’ampoule des toilettes est connectée (selon votre interprétation)
à une porte ET (il faut que le disjoncteur ET l’interrupteur laissent passer le courant)

Mais on peut imaginer que le disjoncteur, quand il est “activé” en fait il fait sauter le courant puisque c’est son rôle.
du coup il faut l’interrupteur activé ET le disjoncteur non activé.
=> l’ampoule des toilettes est connectée
à une porte ET, elle-même reliée à l’interrupteur et reliée à une porte NON qui est relié au disjoncteur.

Exercice 1
la domotique la plus low tech du monde: les interrupteurs de couloir dit “va et vient”
On ne se concentrera pas sur comment c’est fait en vrai avec des câbles mais juste la logique à laquelle ça répond.

Table de vérité :
Circuit va-et-vient

=> A ou B mais pas A et B
on cherche une correspondance de table de vérité dans le tableau
=> A “ouexclusif” B

Comment on fait avec 3 variables, vu que les portes n’ont que 2 entrées?
On peut exprimer la logique comme le tableau de tout à l’heure mais aussi l’écrire sous une forme type algèbre et y mettre des parenthèses.

Donc prenons A.B.C c’est pareil que (A.B).C ou A.(B.C)
de même A+B+C = (A+B)+C ou A+(B+C)

Et allons un peu plus loin:
(A.B.C)+(A./B./C)= A.((B.C)+(/B./C))

C’est ce qu’on appelle la logique booléenne si vous voulez en savoir plus, allez sur Google !

en résumé : les ET se comportent comme les multiplications et les + comme des additions… il y a bien sur d’autres règles plus subtiles, mais je dois faire vite.

Alors c’est parti pour 3 interrupteurs :

Exercice 2

Circuit va-et-vient v2

=> tous ou exclusivement ⅓ .
[A.(B.C) ]+ [A⊕(B⊕C)]

Du coup avec 5 portes logiques, on peut faire marcher le système :

Exercice 3

Le radio-réveil (mais qu’on va pas faire jusqu’au bout) :

Bon, on est super chauds ?

Les plus réveillés d’entre vous auront décelé que les tables de vérité, au final, c’est un état de sortie en fonction d’un nombre compris entre 00=>0 et 11=>3

Donc si on partait sur 3 entrées, on pourrait compter de 000=>0 à 111=>7
ET si on partait sur 4 entrées, on pourrait compter de 0000=>0 à 1111=>15

Ce “nombre d’entrée” on peut ‘appeler le “nombre de bits” il est essentiel car il détermine le nombre de combinaisons en entrée :
1 bit c’est 2 combinaisons possibles (01)
2 bits c’est 8 combinaisons possibles (01234567)
4 bits c’est 16 combinaisons possibles (0123456789 10 11 12 13 14 15)

Donc si on veut compter de 0 à 10… il faut au minimum un système avec 4 bits en entrée.

Pour simplifier l’exercice, on ne va pas programmer tout l’affichage mais 1 seul chiffre à afficher.
Pour simplifier encore, on ne va pas programmer tout le chiffre mais juste la fameuse barre qui reste éteinte lorsque s’affiche “9”, donc en bas à gauche.

Elle ne s’allume qu’à 4 valeurs décimales: pour 0, 2, 6 et 8
Donc selon des états bien définis de A0, A1 A2 & A3, respectivement 1er, 2e, 3e et 4e chiffre du nombre codé en binaire en partant de la droite.

De là comme pour les interrupteurs, on en tire les expressions logiques correspondant aux 4 moments où la barre est activée
on factorise, réduit le plus possible et HOP, on construit le circuit avec les portes.

On répète ça (avec les mêmes entrées A 0 à 3 évidemment) pour toutes les 7 barres de l’afficheur 7 segments et vous avez un afficheur qui traduit visuellement une valeur binaire en nombre décimal.

Alors on est assez loin d’un microprocesseur, à ce niveau-là on parle de “circuits intégrés” voir vulgairement de “puce électronique”.

Ces composants contiennent ces portes logiques et on relie avec un circuit imprimé ces puces entre elles.

Maintenant, imaginez une puce où il y aurait des milliards de ces portes logiques, avec dans un coin une zone de mémoire pour stocker les valeurs pour ensuite y faire appel plus tard (du coup pouvoir agir selon un état précédent) et avec des cycles temporisés par une certaine fréquence...

On abordera ces fameuses puces le mois prochain et selon vos retours, soit on survolera le sujet, soit on ira dans le détail comme ici. Vous décidez !

Un grand merci à Oasis et à Mamancanard pour leur aide et leurs retours, la chronique aurait été beaucoup moins digeste sans eux^^

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CT n°2 : Conception

(pour la petite histoire, j’ai commencé à écrire cette chronique il y a 2 semaines et le 26 octobre tombe un article sur nextimpact sur le sujet, j’en ai donc fait mon intro. Le hasard fait bien les choses, non?)

Comme vous ne l’avez probablement pas vu passer des sénateurs exigent le “ rapport sur l'obsolescence programmée, sa définition juridique et ses enjeux économiques” qui devait être remis en mars dernier, et qui n’a toujours pas été remis, après 7 mois de retard.
De même, cet été, la loi sur la croissance verte pénalise l’obsolescence programmée de 2 ans de prison et 300 000 d’amende ou 5% du chiffre d’affaire passé 300 000 euros de “bénéfice lié au manquement”. *source:http://www.nextinpact.com/news/97037-obsolescence-programmee-elus-denoncent-retard-gouvernement.htm *

Mais ces lois sont, à mon avis éclairé, non seulement parfaitement inapplicable mais aussi irréaliste. Tout n’est pas aussi simple que dans un reportage M6.

Souvent, dans ces reportages sur l’obsolescence programmé, on ressort le bon vieux coup de la machine à laver de mamie qui tourne depuis 30 ans et on accuse les concepteurs des objets modernes nous entourant de mettre des composants à durée de vie particulièrement courte (en général le temps de la garantie + une petite marge).

Or, étant dans un bureau d’étude et ayant été formé à la conception mécanique, je peux vous assurer que cela est en partie vrai, mais que les raisons ne sont pas forcément celles que vous soupçonnez. Et surtout qu’il est difficile de prouver que cela est fait dans le but de « réduire délibérément la durée de vie d'un produit pour en augmenter le taux de remplacement » (ce que stipule la loi de cette été)

J’annonce de suite que je ne parlerai pas des smartphones et autre trucs électroniques parce que le fait de sortir un nouveau produit, meilleur ou non, ne rend pas FORCEMENT le précédent obsolète.
Il s’agit ici souvent d’un simple effet de mode, une perversion de nos instincts à des fins mercantiles, et plus particulièrement de connerie humaine, et donc hors du cadre de cette chronique.
Mais parfois, il peut s’agir d’un standard qui évolue ou disparait, par exemple le HD-DVD, le laserdisc et le betamax dont les lecteurs peuvent encore fonctionner mais sont obsolètes car ils ne permettent plus l’usage pour lequel ils étaient destinés. Mais ce n’est pas non plus dans le cadre de cette chronique.

Mais quel est donc le cadre de cette chronique, professeur Phil, me demanderiez-vous à raison : Nous allons tenter de répondre à la question: “les concepteurs sont-il tous des fieffés salopards qui mettent des bombes à retardement dans nos appareils?”

Il me parait judicieux de savoir ce que signifie concrètement que de concevoir.

LA CONCEPTION

Concevoir un objet, ou autre chose, c’est avant tout répondre à un besoin.

Cela ne veut pas forcément dire que vous devez passer un diplôme quelconque et utiliser un logiciel 3D et que vous ferez des plans, avec des coupes et des vues de détail avec des cotes et des tolérances. Non.

Tous les jours, plusieurs fois par jour, vous concevez sans forcément le réaliser.
Ex:
Quand vous faites le repas, vous concevez un plat en fonction de :
Ce qu’il existe dans votre frigo, placard, ou à l’épicerie du coin
Du budget que vous souhaitez y mettre
Des limites de votre projet que vous décidez +/- arbitrairement.

Vous n’allez pas commencer à faire un tajin pour 120 personnes à 20h quand vous vivez seuls et devez vous lever à 5h du matin le lendemain. C’est trop en quantité, c’est trop long (ou démarré trop tard), vous n’avez pas forcément les ingrédients, et les grands magasins et l’épicerie du coin seront fermés.
Et franchement, vous n’aimez pas le sucré-salé et en plus c’est la fin du mois donc vous êtes déjà pas mal à découvert.
Du coup vous faites des pâtes pour la 3e fois cette semaine.

2) LES CONTRAINTES DE CONCEPTION

Essayons de décortiquer un peu cette situation :

Les limites du réalisables sont atteintes avec le manque d’ingrédients à disposition. Mais on voit qu’il y a d’autres facteurs limitants: des limites à priori arbitraires que vous imposez au projet.

Si vous aviez les ingrédients, vous pourriez en théorie le faire, mais vous ne l’auriez tout de même pas fait.

En réalité, ces limites ont un sens, dans le cadre de ce projet. Vous ne les imposez pas “au hasard”.
Elles sont directement liées à l’environnement entourant le projet sans être dans le projet lui-même. Vos goûts, un objectif de temps, de quantité et de prix.

3) LA CONTRAINTE DE BUDGET

Dans le milieu dans lequel je travaille, on ne regarde pas trop à la dépense, mais il y a toujours des compromis dues aux lois de la physique. Si une pièce est grosse, elle est plus résistante, mais elle est encombrante donc il faut trouver un bon équilibre entre taille et résistance mécanique, par exemple.
Je précise ceci pour vous dire que nous allons nous concentrer ici sur le prix, mais que bien évidemment ce n’est pas le seul facteur.
3-1) TD
Passons à une petite session Travaux dirigés avec un petit exercice mental (un truc simple), si vous prenez des notes c’est mieux, mais au minimum concentrez-vous :
Des clients souhaitent pouvoir soulever une charge de 100Kg

Vous devez concevoir un pack contenant un câble et une poulie et vous n’êtes pas fabriquants, ni de câble, ni de poulie.

En consultant les catalogues de fournisseurs, vous trouvez 2 câbles homologués 100Kg :
un câble normal à 1€
un câble à revêtement anti-usure à 2€

En consultant les autres catalogues de fournisseurs, vous trouvez 2 poulies homologuées 100Kg:
une poulie normale à 1€
une poulie à galets anti-usure de câble à 2€

Cela fait 4 combinaisons allant de 2€ à 4€.
Le département marketing a fait une étude de marché, étudié aussi les prix de la concurrence (10€) et, après avoir déduit les coûts prévu pour l’emballage, les marges distributeur et la livraison, votre budget conseillé est de 3€.

Quel choix faites-vous? (demander à l’équipe)

=> 3€ : votre produit, vendu 10€, comme les autres, a 2 ou 3 retour SAV… en même temps vous en avez vendu 1000 exemplaires. Pourquoi? parce que les clients ont acheté massivement le kit coutant 2€ à fabriquer ou un kit coutant 3€ d’une autre marque présente sur ce créneau avant vous et bénéficiant de retour d’expériences d’utilisateurs qui l’on conseillée à votre acheteur potentiel.

=> 4€ : Vous décidez de créer la Rolls des kits cables-poulie… Vous souhaitez n’avoir aucun retour SAV, et une durée de vie illimitée. Quitte à être plus chers que la concurrence, le département marketing a du augmenter encore plus le prix pour payer des campagnes marketing visant à améliorer l’image de marque ET AUSSI compenser le faible nombre d’achats par des marges plus conséquentes. Votre produit est ainsi vendu 100€ avec une garantie à vie.
Votre avenir est incertain… Pour certains cette stratégie a payé et sont cités en exemple (Rolls?) mais allez donc inspirer une image d’expérience de luxe avec une poulie et un câble… ça ne fait pas rêver… Bon courage !

=> 2€ : votre produit, vendu 6€50, est un succès commercial, vous écrasez la concurrence, en majorité plus chère … même si vous avez 1% de retour SAV d’utilisateurs trop réguliers de votre kit qui ont un soucis de câble usé prématurément, vous leur remplacez (ce qui vous coûte pas très cher au regard des volumes écoulés… et du prix initial du câble) et ils ne sont pas mécontents au final, et s’il ne rachèteront probablement pas un produit de votre marque, ils ne se plaignent pas ouvertement de la mauvaise qualité de votre produit.
Le problème : 2 mois plus tard, un kit tout fait apparaît au catalogue d’un fournisseur asiatico-est-européen (oui je fais dans le cliché). La qualité est TRES médiocre, le câble est indémontable de la poulie, donc quand un des deux composants s’use, les deux doivent être remplacés (et ça sera clairement le cas rapidement vu comment c’est de la merde). Mais le kit est distribué à 0.50€ donc vendable sous la barre des 5€. Il devient la nouvelle référence de prix pour les consommateurs et votre kit n’est plus le plus vendu.

4) LE BUDGET AVANT LA QUALITE (c’est différent que l'obsolescence programmée)

Appliquons maintenant ceci au monde de l’électro-ménager : Les clients achètent des appareils peu cher en priorité, ce qui fait que les coûts sont rognés partout où c’est possible, notamment la durée de vie moyenne des composants.
Et comme la précision de la durée de vie augmente avec le temps, la précision du moment de la panne tend de plus en plus vers J+1 après la fin de la garantie. Car tout fonctionnement après cette période est “non nécessaire” donc l’appareil est non optimisé.
Du point de vue de l’acheteur, c’est un prix qui aurait pu être plus bas, du point de vue de l’industriel, c’est une marge non perçue OU un tarif moins compétitif.

Donc OUI on pourrait donner à un certain nombre d’appareils une durée de vie quasi-illimitée en sur-dimensionnant tout. Mais ce serait plus encombrant et/ou moins performant, plus cher… et vous n’en voudriez pas.

Présenté comme cela, on pourrait croire que je rejette la faute uniquement sur les acheteurs qui, par leur attrait vers le bon marché, font entrer l’industrie dans un cercle vicieux où il y a d’un côté les produits de plus en plus bon marchés, devenus presque jetables et de l’autre des produits “haut de gamme” faits pour durer…

Ce n’est pas aussi caricatural :
Pour commencer, il y a des produits bon marchés, volontairement simples, qui durent plus longtemps que des produit hyper avancés et complexes, plus sujets à des pannes.
L’exemple parfait étant une machine à laver électromécanique (un minuteur type minuteur de cuisine active des contacts en tournant) contre une machine à laver bourrée d’électronique et de programmes.

Et puis les industriels ont bien évidemment leur part de responsabilité dans le lancement-même de cette guerre des prix…
Et bien entendu, il n’y a pas de fumée sans feu : Il existe au moins UN cas avéré.
On sait qu’il a existé une entente dans les années 20 (1920) entre les fabriquants d’ampoules pour limiter leurs durées de vie à 1000h alors que le double était largement atteignable. Pourquoi? Pour en vendre + évidemment !

5) COMMENT BIEN CONSOMMER ?

Du coup :
Est-ce vrai que les produits durent de moins en moins longtemps? En un sens oui, probablement. Mais c’est souvent parce qu’ils coûtent de moins en moins cher.
Est-ce que le prix élevé est synonyme de durée de vie longue ? Dois-je prendre de la marque ? Pas forcément…Des fois on paye la marque ou, pire, les frais de remplacement SAV.

Je suis d’accord que les pistes sont brouillées et qu’il n’est pas simple de s’y retrouver.

Ah et pour vous achever, sachez aussi que les questions de design impactent aussi la durée de vie et surtout la réparabilité. L’exemple parfait c’est le macbook, toujours plus fin dont les composants sont collés et la batterie inamovible sans démonter l’appareil. Mais les smartphones, quelle que soit la marque (et bizarrement Apple n’est pas le pire), plus ils sont fins, plus les pièces sont collées ensemble et plus la réparation sera chère et/ou difficile.

Dans tous les cas, à notre échelle d’individu, il existe déjà des règles simples que l’on peut appliquer :

Renseignez-vous un peu sur comment les produits sont fait. Combien coûtera la réparation de mon écran de smartphone? 50 ou 300€? Faites des devis en ligne ou allez voir des sites comme iFixit.

  • Arrêtez d’acheter des merdes asiatiques sur ebay ou Amazon. C’est conçu et assemblé avec le cul, produit dans ces conditions atroces et vous savez pertinemment que cet accessoire à 1€ au lieu de 45€ ne tiendra que quelques mois avant de vous lâcher. (exception faite des truc hyper basiques, bien évidemment je ne vais pas vous dire d’acheter un câble Apple ou Belkin ou griffin quand il existe d’autres marques parfois meilleures, mais vous voyez l’idée)
  • Arrêtez d’acheter l’aspirateur premier prix pour pouvoir, pour le même prix au total, vous payer en plus une machine à panini (premier prix aussi). PERSONNE NE LES UTILISE PLUS DE 3x. C’est chiant à laver ces putains de machines à panini, le fromage coule partout dans les interstices et comme c’est mal lavé et chiant à ravoir, on les laisse traîner dans le placard et on les jettera lors du prochain déménagement.
  • Dans la même veine, “parce que c’était pas cher” n’est jamais une raison potable d’achat. C’est juste une autre façon de dire “je suis un gros pigeon”.
  • Arrêtez de vous vanter d’avoir acheté un produit pas cher. Il n’y a aucun mérite. Vous n’avez pas “niqué le système”, vous l’avez juste alimenté comme un gros mouton. Vantez-vous éventuellement d’avoir trouvé le bon rapport qualité-prix, LE produit qui vous convient et qui vous conviendra longtemps.

L’avantage de l’époque dans laquelle nous vivons est que nous ne sommes pas seuls. Nous pouvons nous appuyer sur les avis des internautes ayant déjà acheté ce produit, même s’il existe de fausses reviews. “Nous affons les moyens de nous renseigner” Ce qui veut dire que nous pouvons éviter quelques écueils… Si nous ne sommes pas obnubilés par l’étiquette-prix ou le “boarf, ça ira bien, pour le prix”... Mais encore une fois, je ne traite pas ici de la connerie humaine.

L’autre avantage de notre époque, bien que bizarrement peu de personnes connaissent, c’est que désormais (pour les particuliers uniquement) les produits que vous achetez en Union Européenne sont garantis minimum 2 ans par le constructeur. Ce qui veut dire que les assurances de 3 ans à trouzmille euros de chez Carrefour, Darty, Conforama, Boulanger… et même Apple ont un peu moins d'intérêt… Et j’espère que cela forcera doucement les constructeurs à augmenter la durée de vie minimale au lieu de juste augmenter le prix pour subvenir aux coûts des retours SAV supplémentaires.

Et puis, tout simplement, essayez de réfléchir un peu avant d’acheter: En avez-vous juste envie ou vraiment besoin? Allez-vous l’utiliser régulièrement ou non? Vous êtes-vous renseignés un peu auprès d’autres clients sur internet? Si l’appareil tombe un jour en panne, est-il réparable ou faut-il le jeter en entier?
Et si possible laissez passer la nuit. Elle porte souvent conseil et ce produit que vous vouliez tant dans le magasin ne vous parait plus si essentiel maintenant qu’il faut refaire le trajet pour aller l’acheter. Même si c’est en ligne, la nuit porte quand même conseil… elle peut parfois carrément vous faire oublier que vous aviez envie de ce produit.

Ce n’est pas énorme en terme d’investissement personnel, mais il y au un triple avantage à prendre ce recul :
Vous dépenserez moins
Vous polluerez moins
Vous indiquerez aux industriels que ce qui nous plait, c’est un bon rapport qualité-prix et non le prix uniquement.

Rappelez-vous que le seul moyen efficace de voter, c’est avec son porte-monnaie.

En cours de lecture

CT n°1 : ApplePen

Comme beaucoup le savent, Apple a annoncé sa nouvelle tablette à usage professionnelle et l’un des arguments, l’une des différences avec les autres iPads, c’est la possibilité d’utiliser un stylet.
Or en 2007, lors de l’introduction de l’iPhone, Steve Jobs clamait “nobody wants a stylus”. Personne ne veut de stylet.

Cela a amené un débat stérile entre ceux qui prennent la parole de Jobs comme parole d’évangile et les autres, qui passent pour des moutons aveuglés par la lueur de la Sainte Pomme.

Alors, Steve Jobs aurait-il eu tort? Tim Cook aurait-il trahi le messie?

Pour cette première chronictech, on va être bourrins et on va remonter au tout début de l’humanité.

Nous utilisons des outils depuis toujours parce que nos mains sont des outils absolument formidables d’adaptabilité, mais comme souvent: quand on fait de tout, on n’est moyen en tout.

Nos poings ne peuvent efficacement casser la pierre ou creuser la terre, la moindre “usure” met des jours à se réparer.

Mais il y a deux domaines dans lesquels nos mains excellent: toucher et surtout saisir des trucs.

Malheureusement, pour avoir une accroche ET capter les informations, nous avons besoin de surface de contact et cela nous condamne à avoir des doigts en forme de boudins mous, et des ongles plats plutôt que des griffes acérées à la manière d’un chat.
Les ongles (entre autre fonction) soutenant l’appui effectué au niveau des empreintes digitales et permettant la saisie de petits objets.

L’une des grande force de l’être humain c’est le jeu, cette faculté que nous avons de nous émerveiller et d’expérimenter…
Et bien à force de jouer avec ces objets que nous pouvions saisir, nous avons commencé à interagir avec notre environnement et entre autres à marquer notre monde avec nos doigts mais aussi avec des pierres, gravant définitivement les parois des grottes ou autres rochers.
Avec nos doigts nous avons aussi laissé des traces de pigments divers pour dessiner facilement les formes complexes des objets et bêtes qui nous entouraient.

De cette interaction et son impact à long terme est née l’idée même de la transmission d’informations, une nouvelle forme de communication ne requièrant plus que la personne l’exprimant soit présente ou s’en rappelle…

Et on en vient à l’arrivée de l’écriture.

Nous avons encore une fois utilisé un outil. Pourquoi? Probablement pour une raison de taille.

Les premiers support connus peu après les vastes murs des grottes étaient des petites bouts en argile de quelques cm, des jetons servant à mémoriser le nombre de bêtes d’un troupeau.
Pas question de les dessiner un à un. Il a fallu transformer cela en simple information de quantité. Un trait = une bête.

Si cela vous parait naturel, rappelez-vous que cette simplification à l'extrême de la représentation de la réalité sous une forme symbolique n’était pas possible pour vous, enfant sans qu’on ne vous l’inculque.

Pour marquer ces jetons d’argile, nos ongles n’étaient donc pas assez précis, donc un bout de bois, un bambou taillé en pointe était bien plus efficace.

De cette utilisation née l’invention et l’utilisation de l’alphabet ou toute autre forme de codification du langage axé sur une poignée d’éléments de base, qui, combinés expriment un sujet, une idée ou une action.

Et comme l’humain est aussi défini par sa flemme naturelle, nous arrivons à l’automatisation de cette écriture : l’imprimerie.

S’il est plus rapide de tamponner que d’écrire manuellement, c’est naturellement qu’arrivent les machines à écrire (une espèce de machine à tamponner), puis, lors de l’avènement de l’informatique, l’utilisation d‘un clavier pour entrer des informations.
L’alphabet est ainsi encodé en bits et il est plus facile de s’assurer que l’ordinateur comprendra l’information depuis une touche qu’une séquence de vecteurs que seraient l’écriture manuelle.

Néanmoins, une volonté reste ancrée, celle de vouloir se débarrasser de cette frappe sur un clavier, jugée, à tort ou à raison, comme une couche supplémentaire, une étape de plus dans la transmission d’information.

Pour cela, on retrouve les stylets revenir : dans les années 80, nous voyons arriver les lightpen, capable de pointer un pixel de l’écran.
Designer le centre d’un cercle et sa périphérie par exemple permettent de tracer un cercle plus intuitivement que d’entrer des coordonnées chiffrées.
Ils se perfectionnent un temps, permettant de dessiner des courbes, mais tenir à bout de bras un stylet vers l’écran n’est pas ergonomique, cette position fatigue les épaules…

Et elle n’est parfois pas aussi précise que nécessaire… et le light pen disparait du marché grand public.

On voit apparaître une autre solution: celle de déporter la couche d’entrée de l’information de l’écran. Elle se retrouve ainsi sur le bureau.
triple avantage:
1) le stylet est tenu comme un stylo sur une feuille
2) l’information de l’écran n’est jamais obstruée par la présence du stylet ou même de la main.
3) un duo surface sensible + information provenant du stylo permet d’optenir de la précision mais aussi une notion de force d’appui, comme avec une plume par exemple.

Mais encore une fois, la pointe du stylet a beau être fine, la surface sensible très précise, cela demande à l’utilisateur d’être précis lui-même.
Je vous donne un feutre pour écrire sur un grain de riz, combien d’entre vous y arriveront?

Vient la mode des PDA (assistants personnels numériques), prévus pour tenir dans la poche.

Lorsque les ingénieurs de Apple avec le newton ou Palm chez… palm ont sorti un PDA, ils ont voulu reprendre le schéma crayon/bloc-note pour s’addresser au plus grand monde et ont ressorti le stylet des tiroirs.

Pas de notion de force, le stylet étant un simple bout de plastique dont la seule spécificité est de ne pas rayer l’écran ( et c’était même pas gagné au tout début).
Deux constructeurs et deux approches différentes pour l’entrée des caractères:

le newton tente de viser haut en interpretant des mots écrits à main levée… c’est viser beaucoup trop haut pour l’époque et cela se traduit par une frustration qui est une des causes de son échec.

L’autre, palm, a une approche “de biais”: un alphabet codifié et une écriture lettre par lettre.

Deux zones en bas de l’écran, une pour les lettres, l’autre pour les chiffres et des gestures correspondant aux lettres avec un point de départ et d’arrivée précis et des lettres simplifiées: le A par exemple n’est composé que d’un trait unique composé de deux mouvements, comme la pointe d’une flèche. pas de trait horizontal. Cela s’apprend vite, la machine peut l’interpreter facilement et c’est un succès commercial.

Mais c’est lent. très lent. A mille lieux de la vitesse d’un clavier.

Sur les Pocket PC, avec windows CE, ils ont une autre approche, très : celle d’un clavier virtuel dessiné sur l’écran et qui permet une frappe plus rapide si l’on est précis mais augmente les fautes de frappe.

Sur Blackberry, pour passer d’un téléphone à un assistant, l’écran change, passe en couleur, l’OS évolue, mais on garde un clavier physique complet. Cela ajoute du volume ou réduit la taille de l’écran mais s’avère très efficace et sera adoré par les professionnels.

Mais tout cela a ses avantages et inconvénient et aucun ne sort vraiment du lot comme avancée technologique majeure.

Au final, Steve Jobs n’avait pas tort dans sa présentation de 2007 : un clavier physique a ses problèmes d’encombrement, un clavier tactile avec stylet c’est souvent imprécis et frustrant, un alphabet de mouvements avec un stylet c’est lent…
Sans compter qu’un stylet demande l’usage d’une main pour le téléphone et l’autre pour le stylet.
Personne ne veut un stylet, oui mais personne ne veut un clavier physique non plus.

A l’époque, comme maintenant, tenir le téléphone d'une main est la norme et toutes ces solutions requièrent 2 mains.

Lorsque nous intéragissons avec nos mobiles, très souvent nous marchons et avons besoin de maintenir notre équilibre, ouvrir des portes etc... avec l’autre main.

Comment ont-il résolu cette problématique? un clavier tactile au pouce.

C’est à dire en prenant en compte que ces doigts sont gros et appuieront au mauvais endroit parfois et donc en ajoutant une couche de prévision de la touche suivante: une consonne est suivie d’une voyelle, donc si on appuie sur deux touches en même temps, seule la lettre la plus probable sera prise en compte.
Je simplifie un peu le principe, mais c’est le fonctionnement de base.

Et c’est ça la véritable avancée majeure, c’est ça qui a remis le stylet dans les tiroirs.

Maintenant vous comprenez comment et pourquoi Steve Jobs avait raison, sur un smartphone, personne ne veut un stylet.

Mais la problématique principale de l’iPhone était l’entrée des caractères. Car nous étions sur un PDA, gérant SMS, contacts et évènement.

Lorsque l’iPad est sorti, nous n’avons vu qu’un “gros ipod touch”.
Et pourtant... cela a révolutionné le monde tout autant que l’iPhone 3 ans plus tôt.

Quand on se rappelle de l’impact dû au passage de murs immenses à petits des jetons en argile, nous savons que la taille de la surface a un impact énorme sur l’utilisation.

Je sens déjà les petits malins vont me dire que justement: On a besoin d’un stylet SPECIFIQUEMENT pour les petites surfaces.
Ben non.
Ce n’est pas aussi simple, il s’agit ici d’utiliser le meilleur outil pour l’usage. Les règles ne sont pas aussi absolues.

Souvenez-vous, l’iPad n’avait pas été annoncé seul : un des premiers accessoires de l’iPad, annoncé à sa sortie… c’était un clavier !
Cela peut paraitre normal, cela n’est pas apparu comme admettre un échec ou renier le concept d’un clavier prédictif.
Rien ne replace un clavier physique grand format pour taper rapidement. Mais un clavier tel que celui-ci est dédié à un usage sédentaire à deux mains, PAS en marchant.

D’ailleurs, si l’iPhone se doit de pouvoir être utilisé d’une main, personne ne s’est plaint de ne pouvoir le faire avec l’iPad.

Et enfin deux exemples directement lié au sujet :
1 ) Il ne nous viendrait jamais à l’idée d’annoter efficacement un pdf sur un iPhone… (entourer, flécher…). Alors que sur un iPad…

2) Dessiner sur un iPhone… ou une apple Watch, on est tous d’accord pour dire que c’est ridicule…ou volontairement imprecis et brouillon... alors que sur un iPad, beaucoup ont créé des oeuvre d’art…

D’ailleurs, nombreux sont les stylets capacitifs depuis la sortie de l’iPad. (n’essayez pas, c’est assez catastrophique sur un OS prévu pour le doigt).

La taille nous ramène à l’interaction stylo/feuille à laquelle nous étions habitués pour les prises de notes rapides ou le dessin, les croquis.
Et pour cela, rien n‘est jamais arrivé à remplacer un stylo et une feuille.

Combien d’entre vous ont un ordinateur mais lors des réunions utilisent une feuille de brouillon et un crayon pour dessiner une maquette sur un coin de table?

En agrandissant encore l’écran avec cet iPad pro, il avaient donc l’obligation de sortir ce stylet afin de proposer un véritable nouveau produit, bien plus complet que l’iPad.

J’aurais pu résumer ma chronique en une phrase :
Steve Jobs avait raison sur l’iPhone, personne ne veut de stylet sur l’iPhone, mais il n’a rien dit des tablettes, les tablettes c’est pas pareil. Mais cela aurait un peu manqué d’arguments^^

La vrai question est en fait: sortira-t-il un jour sur l’iPad non pro? Existera-t-il un jour un iPad pro mini?